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Ils cassent le monde en petits morceaux
Ils cassent le monde à coups de marteau

Mais ça m’est égal, ça m’est bien égal, y en reste assez pour moi
Il en reste assez, il suffit que j’aime une plume bleue
Un chemin de sable, un oiseau peureux, il suffit que j’aime
Un brin d’herbe mince, une goutte de rosée, un grillon de bois

Ils peuvent casser l’monde en petits morceaux
Y en reste assez pour moi, y en reste assez
Y en reste assez pour moi, y en reste assez
Ils peuvent casser l’monde en petits morceaux
J’aurais toujours un peu d’air
Un petit filet d’vie, dans l’œil un peu
De lumière, et le vent dans les orties
Et même, et même!

S’ils me mettent en prison
Y en reste assez pour moi, y en reste assez
Il suffit que j’aime, il suffit que j’aime cette pierre corrodée
Ces crochets de fer où s’attarde un peu de sang
(Je l’aime, je l’aime)
La planche usée de mon lit, la paillasse et le châlit
La poussière de soleil, j’aime le judas qui s’ouvre

Les hommes qui sont entrés, qui s’avancent
Qui m’emmènent retrouver la vie du monde
Et retrouver la couleur, j’aime!
Ces deux longs montants, c’couteau triangulaire
Ces messieurs vêtus de noir, c’est ma fête!
Et je suis fier, je l’aime, je l’aime
Ce panier rempli de son où j’vais
Poser ma tête, oh je l’aime pour de bon

Il suffit que j’aime un petit brin d’herbe bleue
Une goutte de rosée, un amour d’oiseau peureux

Ils cassent le monde avec leurs marteaux pesants
Il en reste assez pour moi, il en reste assez mon coeur
Le somme d’une pomme paumée à Rome
Un dôme qui gomme l’homme comme un baume sur l’âme
L’ami du lama m’a lu :
“Pendant que Pan dort, Pandore prend son temps
Le temps d’avant le vent, la voie du vouvoiement”

Ton teint tient tant du lutin mutin qui, le matin, butine le lapin
Ton teint tient tant du lutin que de la feuille de lin
Fleur de lys, feuille de lin
Fleur de lys, feuille de lin
Si j’suis la scie, suis-je la suie aussi?
Sourire d’un pou fou qui roule un roux
Fou rire d’un loup enroué
En route pour Rouen où un gland en lambeaux
Lambine dans les limbes d’un cumulo-nimbus

Ton teint tient tant du lutin mutin qui, le matin, butine le lapin
Ton teint tient tant du lutin que de la feuille de lin

Un brin de thym, un brin de temps t’attend
Mais mets au moins le frein à main
Pour pouvoir voir le loir et boire, le soir, la vie des bois

Je chante pour que le soleil éclaire la lune!

L’histoire va comme suit : depuis l’Amazonie, je me promenais dans les rues pavées d’une ville bucolique, genre Québec.
Y avait des carrosses, des personnages bigarrés - sortis tout droit du cirque - aux costumes colorés.
Dans une rue qui montait, je suis tombée sur une boutique de livres usagés, où étaient assis toute une brochette de clowns.
Y en avait de toutes les couleurs, de toutes les formes, de tous les âges.

Je chante pour que le soleil éclaire la lune!

J’demande au patron s’il a un… livre, mais avant même que je lui dise le titre, il me tend Cubitus.
J’commence à lire, mais tous les clowns - et Natalie Portman (!) - me regardent : ils veulent que je leur raconte une histoire.
À part l’actrice, ils font tous les mêmes gestes en même temps,
Comme s’ils n’étaient… qu’un seul corps corps corps.

C’est l’histoire de ces dieux grecs qui avaient cloué la toile du ciel avec des étoiles, pour séparer leur royaume de la Terre et des hommes.
Quand un clou tombe, étoile filante, les souhaits des mortels profitent de ce p’tit trou pour être entendus des dieux.

Je chante pour que le soleil éclaire la lune!

Fais un voeu, et Hypnos l’exaucera
Et illuminera le cœur de la nuit.

Je chante pour que le soleil éclaire la lune!
Je vois un arbre soupirer entre les nuages de papier que découpe le soleil
Sur le mur, une phrase te fait la fête
Il y a deux oiseaux en train de murmurer leur chanson par coeur, langage haut-en-couleurs
Il y a quelque chose d’étrange avec mes pieds, ils s’élèvent
On dirait que le vent accommode chaque absence à sa place
Chaque trottoir me raconte une histoire rien que pour moi
Et les voisines m’offrent leurs petits bouquets de jasmin
En m’habillant de printemps - une aura que je livre au soleil

Je n’aime pas exagérer - encore moins me méfier, mais il se passe quelque chose d’étrange
Tout parle de toi et de ta voix enchantée

La fumée de mon ennui flotte à la surface de ma conscience
Mal à l’aise face aux activités inférieures à tendance introvertie
De mon ombre… en décombres

À l’autre bout de la planète, de jeunes vierges se suicident sous le nez
De parents qui cultivent leur ennui - elles n’ont que treize ans, et personne neLes comprend… parfaitement

Et pendant qu’le temps nous perd dans les arabesques d’une cigarette
Nos deux pouces déprimés caressent des images vides

Des agents aux relations en bataille se coupent les cheveux
Dans la salle d’attente méticuleuse de leur vie bordélique - des années
Qu’ils font le vide, chrysalides
Si tu savais, ma petite robe noire, le coup de foudre que j’ai eu quand j’t’ai vue!
Petite robe noire, je te porterais tous les jours de l’année, si je pouvais

Mais la première fois qu’on est sorties toutes les deux
Dans la rue y avait un vent qui semblait porter des murmures salaces
Et la deuxième fois qu’on a passé la porte de chez nous
Les rumeurs se sont confirmées, et le vent t’a gelée autour de moi

Qu’est-ce que ce serait bien un monde où toi et moi
On pourrait se promener en paix!

Parce que la troisième fois qu’on a pris le vélo
Un animal qui passait par là a fendu ton opacité
Et pour la quatrième fois, ces chiens qui montrent les crocs
T’ont tellement ternie que t’es devenue couleur d’horreur et de frousse

Qu’est-ce que ce serait bien un monde où toi et moi
On pourrait se promener en paix!

Je compte plus les fois où on nous a regardées
Parce que maintenant c’est pire, et ces yeux plein de mains qui te soulevaient
La dernière fois que je t’ai emmenée danser (promener ou manger)
Se sont posés sur nous, et de gros doigts ont essayé d’faire pareil.

Qu’est-ce que ce serait bien un monde où toi et moi
On pourrait se promener en paix, en paix, en paix!




Lune, toute solitaire
Ta robe blanche lève le voile de l’obscurité
Broussailles profondes, immobiles
Moi, je reste ici sans mordre à l’hameçon de la ville

Comme un oiseau qui oublie de s’envoler
Il faudra de nouveau répartir sans rien demander
Faire sortir de sa cage toute cette liberté - tant d’humanité
Baignée de ciment et de chaux
Lune, toute solitaire
Ta robe blanche lève le voile de l’obscurité
Broussailles profondes et mobiles
Moi, je reste ici sans mordre à l’hameçon de la ville

Comme un oiseau qui oublie de s’envoler
Il faudra de nouveau répartir sans rien demander
Faire sortir de sa cage toute cette liberté - tant d’humanité
Baignée de ciment et de chaux
Aucune langue suffit à te dire que je t’aime
Depuis la nuit des temps

Si j’savais dire quelques mots en anglais pour t’amadouer
Ils parleraient d’amour
Et les seuls mots que j’connais en espagnol pour t’faire rougir
Sont : “Corazón, te amo por siempre.”

Mais pour l’instant, je m’contente d'accommoder tes oreillers
En les reniflant
Et un jour, tu m’laisseras p’t-être te dire sur une bossa nova :
“Eu te amo por sempre, meu coração.”

Depuis qu’toi et moi, on a commencé à parler d’amour
Je préfère couper… à travers champs et traverser à gué
Tes bras grands ouverts, cheveux dans le vent
Ton atterrissage sur ma peau
J’veux la laisser en tête à tête, seule avec la tienne pour qu’elle
T’épelle : “Moi je t’aime pour toujours, mon amour.”

Depuis qu’toi et moi, on a commencé à parler d’amour
Je préfère couper… à travers champs et traverser à gué

Rire, c’est ce que font nos yeux, quand ils voient nos lèvres bouger
Dans tous les sens
Parlons donc de l’infini dans une langue facile à conjuguer :
« Babe, I love you for ever and ever, ever, ever, ever, ever. »
Une grande maison pleine de gens, chacun dans ses appartements
Si on laissait passer les buffles ou les bisons?
C’est la même chose, mais pas au même endroit

À moins que ce soit des Aurochs, comme dans Les Bêtes du Sud sauvage?Moi aussi, j’veux être futée comme un bison!
C’est la même chose

Quand le temps s’en va, c'est l'néant qui revient
La mémoire est un outil de l’oubli
On vit sur du temps emprunté, sans jamais pouvoir rembobiner
On a raté le cours sur la relativité
On est au même endroit dans l’espace-temps

Je veux citer le ciel dans une phrase qui convaincrait même pas un pachyderme :
“Vous êtes tous faits de cette étoffe qui brille en moi
Mais pas au même endroit...” 

Quand le temps s’en va, c'est l'néant qui revient
La mémoire est un outil de l'oubli
La mémoire est un outil de l’oubli


Quelle envie de jouer avec ton sourire éternel
Cette lumière qui éclaire le cristal quand tu es présente

Emmène-moi où tu veux, cache-moi dans ton beau collier
Déguise-moi de toute étoile que tu veux regarder
Quand le soleil n’est plus

Je m’ancre dans le refuge de ton étreinte éternelle
J’aimerais bien trouver cette clé qui ouvre ta voix

Emporte ce que tu veux, cache-moi dans ta bague rubis
Déguise-moi de toute étoile que tu veux regarder
Quand le soleil n’est plus

Je vois dans sa silhouette se dessiner
Le sourire des gars qui la regardent au passage
Son va-et-vient est plein d’arômes fruitiers
On bat tambour, et la salpêtrière bourgeonne

La terre fait la fête, janvier commence
À perdre ses lunes en bénissant l’orage
Les planètes s’alignent - là, derrière
Toute une galaxie multipliée par fractales

De ces deux grands yeux qui illuminent le carnaval
Que s’échappe le diable pour m’aider à chanter
Un petit couplet qui la fasse soupirer!
Je suis déjà enchevêtré, barricadé à double nœud dans son regard!
Je sens dans son parfum l’humidité
D’un jardin fleuri qui m’invite à abandonner
Tous les chemins, et à prier
Pour trouver l’empreinte qui me guidera jusqu’à eux

Ah, ces deux grands yeux qui illuminent le carnaval!
Que s’échappe le diable pour m’aider à trouver
Un petit couplet qui la fasse soupirer!
Je suis déjà enchevêtré, barricadé à double nœud dans son regard!

Crédits

Tiám (album)
sir Van Bio de Bois-raVin
Le Somme d’une pomme
GNUJ
Bos-que
Vide chrysalide
Hymne à ma petite robe noire
Des-monte
Rose des vents
Les Bêtes du rêve sauvage
Rubí
Tiám
À nos yeux, le langage et la musique sont des fils qui contribuent au tissage de la culture. Voilà pourquoi se présente comme un petit bijou brodé de sonorités, de textures et de styles : c’est la carte d’un paysage émotionnel qu’on vous invite à parcourir avec curiosité.
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